25 juin, an 0 de sa vie, sa mère meurt des suite d’un accouchement extrêmement compliqué. Le laissant fils unique d’un couple désormais unis dans les limbes de la mort. Deux jours plus tard, Ji Yooseon sort de l’hôpital, son petit-fisl dans les bras, bien décidé à lui offrir la vie qu’il aurait dû avoir avec ses parents.
C’est une force de la nature, la grand-mère de Dok Ha, et il l’adore autant qu’on peut aimer une personne rigoureuse qui n’a jamais accepté qu’il sorte de la discipline qu’elle lui a imposé durant toute son enfance. Elle a totalement forgé l’homme qu’il est et il en est conscient. Son grand-père, il l’a à peine connu, il avait presque vingt ans de plus qu’elle et il les a quittés alors qu’il était encore enfant, il avait six ans. Parfois il regarde derrière lui et réalise combien son enfance et ses origines sont pavées de morts et il est bien content de ne pas avoir reçu le don de les voir, ces morts.
Ses visions se sont manifestées très tôt et ont pas mal perturbé son enfance, même s’il n’en garde pas un mauvais souvenir. Sa grand-mère lui a appris, le jour où elle l’a amené à la Sogsag que c’était une chose courante dans la famille d’avoir des dons chamaniques. Sa propre sœur jumelle en avait eu. Aussi n’était-elle pas si surprise de le voir anticiper des choses basiques de la vie, répondre à des questions à peine posées ou répliquer à côté de la plaque pour d’autres qui venaient d’être énoncées.
Il a donc grandi dans un environnement propice, où il pouvait se comporter normalement sans craindre des commentaires désagréables sur ses capacités. Pour autant, sa grand-mère, bien qu’ouverte d’esprit vis-à-vis de cela ne l’était pas pour beaucoup d’autres choses. Conservatrice, voulant à tout prix protéger les traditions anciennes de la ville, se battant pour que la vieille bicoque de la famille, désormais entourée de maisons neuves et moderne subsiste en tant que témoignage du patrimoine de Mokpo, elle était particulièrement virulente envers tout ce qui sortait du cadre de ce qu’elle avait connu, ou acceptait de connaitre. C’était le genre de grand-mère qui venait frapper les sales gamins en skate dans les chevilles sous prétexte que c’était un truc importé des USA, ou qui incendiait les gens avec leurs portables quand ça a commencé à se répandre.
Même s’il a appris à vivre avec son temps, Dok Ha reste coincé dans ces traditions, qu’il respecte et apprécie pour ce qu’elles sont. Elles ont été l’ancre de son enfance et sa bouée de secours quand ça n’allait pas. C’est donc assez naturellement qu’il s’est intéressé au folklore pendant ses études, étendant ses connaissances aux mythes asiatiques et européens avant de se spécialiser dans les lettres anciennes. Une fois devenu professeur à l’université, il s’est présenté à la Sogsag pour apporter son aide à ceux qui, comme lui, son nés avec un don particulier qu’ils ont besoin d’apprendre à contrôler.