Une chambre noire. Une lumière rouge qui éclaire la pièce pendant que j’accroche des photographies sur une corde à linge. Pinçant les photos pour les faire sécher, mais aussi bien qu’elles montrent également leur contenu. J’avais trouvé des pellicules en négatif encore intouché qui manquaient plus qu’à être développées. Une chanson comme ambiance, jouant dans les produits chimiques. Je tente de discerner ce que mes trouvailles puissent me donner comme souvenir. Des pellicules que j’avais retrouvé dans une boite chez mes parents. Par curiosité, je les avais pris pour les ramener ici, dans ma chambre noire, enfin de pouvoir les regarder. Un à un, je regardais pour ensuite déterminer quel négatif qui m’intéresse le plus. Voilà le résultat ; une image vaut mille mots, n’est-ce pas ? Tout comme les gestes valent des interprétations propres à chacun. Je vais à un coin de la pièce prenant une énième gorgée de mon café noir. Regardant attentivement à la révélation qui se produit sous mes yeux. La tasse à la main, les images ainsi que les personnes se révèlent petit par petit.  

Un poupon dans les bras de mes pères. Mes pères ? Je rigole avant de siroter une fois de plus mon café. Je n’ai pas de parents standard comme la plupart des gens de la Corée du Sud. Parents tous les deux mariés à l’extérieur avant de vivre comme “deux adultes” dans le même endroit. Élever un bébé naissant avec leur moyen. Ils l’ont réussi haut la main, du moins, je l’espère. Je ne suis pas trop casse-pied, mais je ne suis pas trop la personne qui se laisse marcher sur les pieds non plus. Un bambin aimant jouer et attirer l’attention. Se déshabiller à sa guise tout en ayant l’exemple sous les yeux. La peur le guettait déjà en voyant Dad de mauvaise humeur ou bien en disant carrément de cesser de sourire justement parce que ça l’effraie. Comme le jour et la nuit, toujours en désaccord sur l’autre, se cherchant mutuellement des noises. D’une certaine façon, c’était la méthode de l’enfant pour démontrer à Daddy qu’il l’appréciait. Recrachant quasiment à chaque fois la nourriture sur lui, lui faisant des mauvais coups. Pourquoi en fait ? Cela le venait naturellement. C’était plus fort que lui, plus fort que moi. Un lien qu’uniquement lui et moi nous avons contrairement à papa-deux aka appa. Qui lui, il était notre zone grise. Qui lui, il pouvait me faire faire n’importe quoi et vice versa. Ouais. Le bon vieux temps que je ne me rappelle tout simplement pas, enfin ou très peu. Sauf que je ne les échangerai pour rien au monde. Après tout, c’est grâce à eux que j’ai appris bien des choses, mais surtout que ferai-je avec une mère ? Je n’aurais pas les plus beaux hommes qui puissent exister sur terre à mes côtés.

Une seconde ; voilà que j’ai une tronche éclatée et pourtant je souris tout bonnement en manquant quelques dents en bouche. Je crois qu’à cet instant, je venais tout juste de tomber parmi les rochers durant un de nos voyages en famille. Je n’avais déjà pas froid aux yeux et même aujourd’hui. Je crois qu’on m’avait engueulé pour ne pas être constamment aux côtés de mes pères. Honnêtement, visiter des trucs ennuyeux ou se promener pendant que Appa prend des photos du paysage, du moment. Les photos, quand j’étais petit, j’adorais le voir se promener avec son appareil. J’adorais le voir prendre des photos pour immortaliser ce moment. J’adorais ce qu’il faisait et c’était un passe-temps. C’était à cet instant qu’il m’avait permis de prendre son appareil photo pour que je puisse essayer à mon tour et c’était à cet instant que j’avais découvert une passion. Une piqûre. Ne désirant que faire cela, malgré les refus. C’était une chose que je voulais faire absolument et non apprendre un nombre incalculable de langue afin de devenir parfaite polyglotte. Très jeune, j’ai appris le japonais venant de mon père et ensuite l’anglais. N’écoutant que des émissions en anglais lors de nos voyages pour me perfectionner. Me perfectionner dans tout ce qu’on me faisait entreprendre, mais mon but ultime étant de faire de la photographie. Devenir professionnel au risque de me faire renier. Je m’en fichais à l’époque vu que c’était déjà réellement mon cas en sortant de l’ordinaire avec deux paternels. Me faisant des fidèles amis, m’en ficher de tout ce qui m’arrivait d’intimidation ou de quoi que se soit d’autres. Grâce à mes pères, j’ai appris rapidement à me faire fie des regards et des opinions des autres et contraire, je faisais tout pour les déranger.

La troisième ; j’étais là, entouré de mes potes. Je crois que c’était à cette année-là que je suis devenu un homme en me tapant la professeure sexy de notre classe. Le lycée, un mot si nostalgique et rempli de bons souvenirs me parsèment l’esprit. Là, également que je m’étais fait une copine avant de disparaître dans les oubliettes en voyant Dad. Je l’avais bien ri avant de continuer mon jeu de séduction. Jusqu’à temps qu’on puisse m’interpeler pour le petit cours “101” de sexualité venant des parents. Pourtant la gueule qu’ils avaient eue en leur disant que j’étais loin d’être puceau. Les pauvres. À cet instant aussi, je m’étais davantage rapproché de mon cousin au point de le considérer comme mon frère que je n’aurais jamais. Là, que je prenais des cours de photographie en ligne et faisant croire à mes pères que j’allais sur les sites pornographies. Là, également que j’avais reçu ma première gifle venant d’une meuf parce que j’avais soi-disant embrassé sa meilleure amie alors que c’était elle qui s’était jetée sur moi. Hey oh, j’avais - et j’ai toujours – cette fâcheuse manie de me dévêtir quand je me sens à l’aise peu importe le lieu, mais de là à m’aider à retirer mon uniforme de lycéen. Qui paraît coquin/coquine entre nous deux ? Ce n’était pas en lui faisant des yeux doux qu’on devait me considérer comme un obsédé, non ? En plus Dad qui voulait que je sois dans une université en finance dès mon diplôme remis. La bataille sans fin. Tout comme découvrir la joie du camping et que des papas poules intervenaient sans arrêt.

Ma première maison. Un moment qu’on pourrait considérer que dès que j’avais l’occasion de quitter la maison, je l’avais saisi sans hésiter. Dès que j’avais les moyens, je m’étais mis à la photographie. Vendant mes photos le plus possible, allant vers des entreprises pour montrer mon talent, ma passion. J’avais énormément travaillé fort pour gagner en renom et en popularité. Des petites entreprises en premier lieu, en faisant en même temps des petits voyages pour des photos de paysages que je vendais sur internet. Je me vois encore à monter une tente une grosse journée à monter des collines. À nager dans la mer pour trouver de beaux spécimens. À marcher et être allonger dans la neige pour pouvoir prendre des photos des animaux ou bien des personnes en ski. L’acharnement, la détermination était à son comble, jusqu’à temps que mes efforts puissent rapporter ses fruits. Secouant la tête en soupirant, autant d’effort et j’entends Dad me dire que je devrais retourner dans les finances. Au moins, il a le mérite de m’avoir appris à compter.