Kwan est né un matin de décembre, le lendemain de Noël, à Séoul. Son père est le directeur marketing et associé d’une entreprise de construction navale ayant des deals avec l’armée, sa mère était une mannequin assez connue dans le milieu qui s’est retirée pour élever ses enfants. En ce jour d’hiver où Kwan poussa son premier cri, ses parents pensaient qu’ils allaient vivre le plus beau moment de leur vie, leurs premiers enfants, des faux jumeaux, étaient en train de naitre. Malheureusement, après que Kwan aie appris à vivre, sa sœur n’eut pas cette chance. On se rendit compte qu’elle était en train de s’étouffer avec le cordon ombilical de son frère et le temps que les chirurgiens réagissent, il était déjà trop tard, c’était d’un bébé mort qu’ils aidèrent à accoucher.
Kwan porta toute sa vie le poids de cette mort. Ses parents le lui reprochèrent presque tout les jours. Il n’eut pas autant d’amour qu’on pourrait le penser et sa mère lui offrit une petite sœur un an à peine plus tard. Une petite fille placée sur un piédestal dont chaque acte était commenté et admiré au détriment du jeune garçon. La seule personne de sa famille à lui montrer un peu d’affection était sa grand-mère maternelle. Elle habitait loin mais a été le rayon de soleil de son enfance.
Il cacha sa tristesse et sa solitude par une attitude joyeuse, provocante et un peu folle qui le poussait à vivre des aventures dingues à chaque pas. Il n’avait aucun mal à se faire des amis et les abrutissait sous un flot de paroles parfois sans queues ni têtes qui ne visait qu’à cacher le fait qu’il n’avait pas envie de raconter ce qu’il se passait chez lui. Jamais aucun de ses amis n’est venu à la maison, jamais il n’a fêté son anniversaire avec quiconque. Il n’avait que deux ou trois copains qui en connaissaient la date et ils avaient interdiction de le lui fêter au risque de se prendre un poing dans la figure.
Bagareur, c’est à l’adolescence que cela devint intenable, il avait besoin de cogner pour extérioriser ses émotions qui devenaient difficiles à contrôler. Bien qu’il maitrisât son don d’empathie avec les animaux, cela n’aidait pas sa gestion de la colère. Il fugua pour la première fois à onze ans et ces escapades de quelques jours pava son adolescence jusqu’à ses dix-huit ans. Si ses parents s’inquiétèrent quand même un peu aux premières, ils prirent les suivantes avec indifférence. Alors il passa un cran au-dessus. Il chapardait dans les supérettes, faisait les poches des passants, et se faisait sciemment attraper par la police. Il voulait attirer l’attention si ce n’était l’amour de ses parents. Il voulait se venger son enfance dans l’ombre de sa sœur, alourdi sous le poids de la mort de sa jumelle. Il voulait leur en faire voir de toutes les couleurs.
Ils l’inscrirent dans un club de MMA qui ne changea rien à son besoin de bagarre… cela lui donna juste plus de technique dans cette matière. Bientôt, il devient un délinquant reconnu et redouté par ses camarades de classe. La plupart savaient pourtant que tant qu’on ne lui cherchait pas de noises et qu’on abordait pas les mauvais sujets, il n’y avait rien à craindre.
Aussi étrange que cela puisse paraitre, malgré ses abords un peu rudes, il était doux comme un agneau, et plus loyal que lui en amitié, ça n’existe pas. Beaucoup l’avaient compris.